L'ENFANCE

_ LOS ANGELES, CALIFORNIE

« J'ai bien cru que tu ne sortirais jamais de mon ventre » disait toujours ma mère. Elle répète sans cesse que j'avais déjà mon petit caractère à moi. J'ai vu le jour dans un hôpital de Beverly Hills en plein mois de mars deux semaines avant le jour J. D'après mes parents, je n'étais pas près à venir au monde. Ma mère a attendu 24 heures dans sa chambre à souffrir le martyr avant que l'accouchement soit déclenché. Et je montrais enfin le petit bout de ma tête. Bienvenue au monde, Enzo. Ne me demandez pas pourquoi ils m'ont appelé comme ça. Ma mère accrochait plutôt bien. Je fus le premier enfant de mon avocate de mère et de mon photographe de père. Je ne restais cependant pas le seul enfant de mes parents. Deux ans plus tard, ma mère donna naissance à un autre enfant, une fille, Lily Rose. Les gens n'ont jamais eu du mal à reconnaitre qu'on était frère et soeur. Nous étions tous les deux très blonds et aux yeux bleus. Avant que Lily Rose n'arrive, j'étais déjà habitué à avoir ce que je voulais, à être chouchouter si on veut car j'étais tout seul. Quand elle a montré le bout de son nez, inutile de dire que tout a été différent. Toute l'attention était portée sur elle et elle avait toujours cette manie de vouloir ce que moi j'avais, comme mes jouets, même mes vêtements. Je crois que dès son plus jeune âge, elle savait que si elle était là, c'était dans le but d'enquiquiner les autres. Mais, j'adore ma soeur, ne vous méprenez pas. C'est elle qui a développé ce côté si protecteur chez moi. On est très proches et je ne crois pas que cela changera un jour. On a vécu une enfance paisible, sans manquer de quoique ce soit, bien que ça n'ait pas été toujours aussi facile. En fait, je crois que c'est l'une des périodes de ma vie qui me manque le plus.

L'ADOLESCENCE

_ AROUND THE WORLD

On passe tous par là, n'est ce pas ? C'est inévitable. Pour moi, l'adolescence a surtout été marqué par le divorce de mes parents. J'avais 14 ans, ma soeur 12. Il n'y rien eu de plus difficile de que voir mon père prendre ses affaires et sans aller. Pourquoi ils avaient fait ça ? Pourquoi s'étaient-ils séparés ? « Parce qu'on ne vit pas dans un conte de fées et que dans la vraie vie, tout n'est pas si beau. » C'est ce que mon père répondait lorsque je passais mes journées assis dans son bureau à enchaîner les questions stupides - pour lui, du moins. Je pense qu'il avait juste fini par se lasser l'un et l'autre. Mais, je pense qu'il y avait une autre femme en dessous de tout ça et qu'il ne nous l'ont jamais dit pour "nous protéger". C'est certainement ça car mon père s'est remarié deux mois après que le divorce soit prononcé. Ma mère est juste devenue folle quand Karen, la nouvelle de mon père, a demandé à Lily Rose d'être l'une de ses demoiselles d'honneur. Ma soeur, elle,n était ravie. Quant à moi, j'étais atterré tout comme ma mère. Il aurait quand même pu attendre quelques mois de plus avant de se marier, si vous voyez ce que je veux dire. Histoire que tout le monde accepte les choses telles qu'elles étaient. Comme j'ai dit avant, c'est pas ma soeur qui s'en plaignait. Elle passait tout son temps chez eux, partait en vacances avec eux et je voyais bien que ça lui plaisait d'avoir une nouvelle famille, peut être même une nouvelle mère. Et même si je n'approuvais pas, je lui en voulais pas. J'aurais pu réagir comme elle au lieu de dramatiser les choses. Ouais, j'aurais pu. Ces épreuves ont forgé mon caractère. Je suis passé du petit blond gentil, parfois trop même au garçon impulsif et un peu trop orgueilleux, je l'avoue. Mais, je dois dire que mon comportement s'est amélioré quand j'ai rencontré Cassiopée. Même si ça n'a pas toujours été du gâteau, elle a eu raison de moi.

L'IDYLLE

_ STAIRWAY TO HEAVEN

Nous deux, dans une salle de classe, assis l'un à côté de l'autre et à se titiller en poussant subtilement les affaires de l'autre pour être celui qui aurait le plus de place. « Mais, pousse toi, tu vois pas que tu prends toute la place ?! » furent les premiers mots que Cassiopée m'offrit. J'ai toujours été amusé par cette fille de ma classe au caractère de cochon, qui passait son temps à râler parfois avec raison. C'était drôle, je l'adorais puis il suffisait qu'on ait une conversation pour me rendre compte que finalement je la détestais. C'était un jeu à la je t'aime, moi non plus. Suis moi, je te fuis et fuis moi, je te suis. J'ai quand même mis pas mal de temps à me rendre que j'étais amoureux. Je m'en rendais compte dans ses moments où elle passait devant moi sans même un instant d'attention, sans même un regard. Et j'étais jaloux aussi de sa complicité avec les autres, ce qui était ridicule étant donné que je n'avais jamais jaloux auparavant. J'ai fini par lui dire que je l'aimais. Vous voulez savoir ce qui s'est passé ensuite ? Roulement de tambours... Et bien rien. Elle est juste partie alors que je m'attendais à ce qu'elle crie, je sais pas, à ce qu'elle me rie au nez, ou même qu'elle me roue de coups mais elle a rien fait de tout ça. Pour tout vous dire, j'ai même cru que j'allais chialer comme un gosse. Je suis resté deux jours entiers à broyer du noir comme le garçon amoureux que j'étais. Puis, un soir, alors que je fumais une cigarette sur le perron de ma maison, je l'ai vu arriver. J'ai cru que mon coeur allait lâcher. « Il se pourrait bien que je t'aime aussi. » a t-elle dit, avec ses grands yeux verts. Depuis, c'est la belle vie, le bonheur, l'extase pure. Si vous voulez que je vous dise, on va même se marier.